Milka Budimir, couturière d'origine yougoslave, s'était vu offerte par son fils fin 2001 un site web, milka.fr, pour promouvoir ses deux boutiques de couture (vêtements sur mesure et retouches). Petit problème : Kraft Foods, propriétaire de la marque Milka (qui existe depuis 1901), réclame l'usage du nom de domaine. Mais Milka (la couturière) ne cède pas aux nombreuses intimidations de la multinationale agro-alimentaire : un premier procès s'avère donc inévitable.

En mars 2005, l'affaire est jugée par le tribunal de Nanterre. Le verdict tombe : Kraft Foods est bien dans son droit à demander le transfert du nom de domaine milka.fr pour sa marque de chocolat au lait. Milka Budimir est reconnue coupable d'avoir fait un emploi injustifié de la marque Milka de Kraft Foods : et oui, la marque Milka existait bien avant la naissance de la couturière.

Mais la couturière était tenace : elle a donc fait appel de sa condamnation. L'affaire a donc été rejugée un an plus tard par la cour d'appel du tribunal de Versailles. Et le verdict est identique au premier : Milka doit rendre le nom de domaine milka.fr et surtout s'acquitter des frais de justice engagés par Kraft Foods. Cependant l'accusation de cybersquattage mise en avant par Kraft Foods n'a pas été retenue, Milka Budimir ayant fait une utilisation justifiée du nom de domaine pour promouvoir son commerce, portant bien le nom Milka (qui est aussi son prénom). On peut toutefois s'interroger : si Milka avait été le nom de famille de la couturière, la décision de justice aurait-elle été différente ? Peut-être, car il aurait été possible de plaider l'existence préalable du nom de famille à l'utilisation de la marque en 1901. Mais ce n'est pas sûr : en droit des marques, l'antériorité ne fait pas tout et la notoriété est aussi prise en considération.

Il ne reste donc plus à la couturière qu'à ouvrir un site web sous le nom de domaine milkacouture.fr, voire milka-couture.fr[1] ou aller en cassation. Quant à la vache mauve de la publicité Milka, il paraitrait qu'elle soit morte en 2004. Par contre, il y aurait encore un bon stock de marmottes de synthèse prêtes à prendre la relève (avec du papier aluminium également).